Un regard sur la mobilisation des connaissances pour les chercheurs

Alec Manley

Nombreux sont ceux ayant tendance à considérer que l’innovation constitue un objectif commercial, d’où la course infernale menée pour créer par exemple un nouveau téléphone intelligent ou une nouvelle plateforme de média social pour gagner bien sûr beaucoup d’argent. Le travail le plus innovant réalisé actuellement dans le monde porte cependant, la plupart du temps, sur des problèmes comme la pauvreté, l’alphabétisation, le vieillissement et la prestation de soins de santé. Ce type d’innovation sociale n’est peut-être pas aussi séduisant qu’un nouveau téléphone intelligent, mais ses effets sur la société peuvent être beaucoup plus importants que le tout dernier gadget.

L’innovation sociale repose souvent sur des recherches universitaires exigeant ce qu’on appelle une «mobilisation des connaissances», c’est-à-dire mettre les informations à la disposition des gouvernements, des organismes de bienfaisance, des organisations non gouvernementales et même des citoyens afin qu’ils puissent s’en servir pour faire les choses différemment. La mobilisation des connaissances est l’un des principaux résultats du processus de recherche, et il est dans l’intérêt de tous de veiller à ce que les informations soient largement diffusées et intègrent le discours public.

Les dirigeants, au sein des gouvernements ou des ONG, n’ont souvent ni le temps ni les connaissances nécessaires à la compréhension de rapports de recherche complexes; ils ont besoin cependant de la ligne de fond. Comprendre les résultats de recherches facilite en effet les prises de décisions fondées sur des données factuelles et donc d’obtenir de meilleurs résultats.

Au Nouveau-Brunswick, aucune organisation ne gère la mobilisation des connaissances relatives aux recherches en sciences sociales et humaines. Pour la FINB, la mobilisation des connaissances constitue une priorité, et je consacre maintenant une grande partie de mon travail à cet aspect. Je me consacre en particulier à faire en sorte que les connaissances produites par les chercheurs bénéficiant du Fonds de recherche en innovation sociale et du Fonds de recherche sur la COVID-19 soient diffusées auprès des bonnes personnes au sein du gouvernement ainsi que des ONG et d’autres acteurs des politiques publiques au Nouveau-Brunswick.

Dans les collèges, universités et instituts de recherche publics du Nouveau-Brunswick, beaucoup de chercheurs font un travail remarquable; cependant, leurs relations avec les principaux décideurs, ONG et médias ne leur permettent pas souvent de diffuser largement les résultats de leurs recherches et donc d’influencer le processus d’élaboration de politiques. La FINB s’emploie par conséquent à développer des relations entre le milieu universitaire et les décideurs.

Le gouvernement du Nouveau-Brunswick convient, ce qui est à son honneur, qu’établir des relations plus étroites avec des chercheurs universitaires à l’avant-garde de leur domaine peut beaucoup apporter. La pauvreté et l’alphabétisation ne sont pas des problèmes nouveaux, mais pour faire avancer, il faut des idées et des démarches nouvelles, ce que permet justement la recherche.

À la FINB, notre travail ne consiste pas seulement à mettre en relation les chercheurs que nous soutenons avec des décideurs et d’autres acteurs. Nous nous employons également à renforcer les capacités de mobilisation des connaissances au sein de la communauté de chercheurs. Les décideurs politiques et les chercheurs parlent souvent des mêmes choses, mais de manière très différente. Nous aidons par conséquent les décideurs à avoir accès à des recherches afin que celles-ci aient un écho auprès d’eux. Il peut s’agir de consacrer plus d’efforts à expliquer les résultats de recherches dans un langage plus accessible ainsi qu’à créer des notes d’information et des présentations pour diffuser rapidement et efficacement les principaux points de ces résultats. Ce travail constitue d’ailleurs un élément central de la mobilisation des connaissances.

À mesure que les relations entre les chercheurs et les décideurs du Nouveau-Brunswick se développent et se consolident, les services offerts au public n’en seront que plus réactifs et efficaces. Les chercheurs de la province possèdent énormément de connaissances. Si nous rendons celles-ci beaucoup plus accessibles aux décideurs, nous y gagnons tous.

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