Le nouveau Fonds pour l’intelligence artificielle vise à stimuler la croissance générale de l’économie du Nouveau-Brunswick

Angela Pyne

Directrice du marketing et des communications

Un soutien complet à l’innovation pour dynamiser le secteur de la fabrication et d’autres secteurs

Pensez-vous que l’intelligence artificielle relève encore de la science-fiction? Détrompez-vous.

Si ce terme vous fait penser à des cyborgs dans Star Wars, les robots à l’apparence humaine restent en effet pour l’instant de la fiction! Certains types d’intelligence artificielle sont cependant en train de transformer les entreprises et le quotidien, à une allure telle d’ailleurs que cela vous échappe peut-être. 

Selon le cabinet d’études américain Gartner, 23 % des dirigeants d’entreprise intègrent déjà l’intelligence artificielle dans leurs processus de travail. Au cours des trois prochaines années, la valeur commerciale de l’intelligence artificielle devrait dépasser les cinq (5) milliards de dollars.¹

Le nouveau Fonds pour l’intelligence artificielle, fruit d’une collaboration entre l’APECA et la FINB, offre au Nouveau-Brunswick la possibilité de profiter de la tendance actuelle pour rattraper le retard technologique que connaît la province avec le reste du Canada. 

C’est donc au titre de ce fonds mis en place fin 2021 que 3,2 M$ seront consacrés d’ici à la fin de l’année 2022 à des projets novateurs réunissant des chercheurs et des entreprises du Nouveau-Brunswick. Cet investissement permettra de mieux faire connaître l’intelligence artificielle dans la province, d’aider davantage d’entreprises à tirer parti de cette technologie, ainsi que de créer un vivier de talents pour que l’économie fondée sur l’intelligence artificielle puisse croître.

POURQUOI CIBLER L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE?

Le terme « intelligence artificielle », qui est générique, se rapporte aux processus et aux systèmes informatiques qui exploitent la logique mathématique pour acquérir des connaissances à partir de leur environnement et des tâches qu’ils effectuent. Il s’agit par exemple de l’exploration de données, de l’analyse prédictive, de l’apprentissage automatique et de l’apprentissage profond.

Grâce à ces technologies, la façon dont les entreprises gèrent tous les aspects de leurs activités, allant de la chaîne d’approvisionnement aux interactions avec les clients en passant par la cybersécurité, est en train de changer. Le rendement du capital investi dans les initiatives liées à l’intelligence artificielle peut aller de 20 % à plus de 800 %.  

Technologie ultra puissante, l’intelligence artificielle entraîne une accélération de la croissance de l’industrie ainsi que la création, dans tous les secteurs, d’emplois bien rémunérés et intéressants. Au cours des dix prochaines années, l’intelligence artificielle jouera un rôle primordial dans l’évolution des économies nationales et régionales. 

Aujourd’hui, en matière d’intelligence artificielle, le Nouveau-Brunswick est en retard sur le reste du Canada, surtout dans le secteur manufacturier. C’est précisément ce retard que le nouveau Fonds pour l’intelligence artificielle vise à rattraper.

¹ Gartner, Reinforce Your Artificial Intelligence (AI) Ecosystem, 2022.  https://www.gartner.com/en/information-technology/insights/artificial-intelligence

LA VOIE VERS LE FUTUR

Les scientifiques ainsi que les analystes de l’industrie ont parlé pendant très longtemps de l’intelligence artificielle comme « technologie émergente ». Ce qui autrefois relevait de la science-fiction est désormais réalité. L’intelligence artificielle est en effet en train de sortir de l’univers de la recherche et du développement pour transformer le monde des entreprises, la santé, l’éducation, le droit et pratiquement tous les autres domaines de l’activité humaine. 

Voici quelques exemples au Canada :³

  • ROSS est un moteur de recherche dont se servent les avocats pour consulter rapidement des données, des lois et la jurisprudence du pays. Il suffit de poser à ROSS une question afin qu’il parcoure les bases de données et analyse leur contenu pour trouver une réponse.
  • Giatec crée des technologies intelligentes pour le secteur de la construction. Par exemple, un entrepreneur peut mettre des capteurs dans du béton qui est coulé afin de recevoir une alerte dès que celui-ci a suffisamment durci pour que le chantier puisse continuer.
  • Amii, centre d’excellence de l’Alberta en matière d’intelligence artificielle, s’associe à des entreprises pour réduire les émissions de méthane.L’innovation reposant sur l’IA peut en effet aider les sociétés pétrolières et gazières à trouver des moyens de réduire la pollution tout en rendant leurs activités plus efficaces.

Au Nouveau-Brunswick, les entreprises mettent du temps à adopter l’IA, ce qui est inquiétant, car à mesure que cette technologie prend sa place, les entreprises qui ne l’intègrent pas à leurs activités prendront vite du retard.

Comme l’a fait remarquer l’ancien premier ministre Frank McKenna lors de l’inauguration récente de l’Institut McKenna, « le Nouveau-Brunswick est bien placé pour devenir un acteur important de la progression du numérique au pays. Il faut juste être suffisamment audacieux et déterminé pour saisir la formidable occasion qui s’offre à nous. »

² Brethenoux, E., What Is Artificial Intelligence? Seeing Through the Hype and Focusing on Business Value, 2020. Gartner. https://emtemp.gcom.cloud/ngw/globalassets/en/doc/documents/730970-what-is-artificial-intelligence-seeing-through-the-hype-and-focusing-on-business-value.pdf

³ Chowdhury, N., et al., Pan-Canadian Strategy Impact Assessment Report, Accenture and CIFAR, 2020.

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE COMME MOTEUR ÉCONOMIQUE

Afin de pouvoir saisir cette occasion, le Nouveau-Brunswick doit se joindre au mouvement qui envahit le reste du monde. 

Dans le monde entier, les sociétés de conseil prévoient une croissance économique exceptionnelle pour les entreprises qui s’aventurent avec audace dans le domaine de l’intelligence artificielle. Dans un rapport publié en 2018, McKinsey prédit que plus de sept entreprises sur dix adopteront l’intelligence artificielle d’ici 2030. Le gain économique qui en découlera se chiffrera à 13 billions de dollars américains.⁴ La société PwC, qui est encore plus optimiste, pense que le PIB de l’Amérique du Nord pourrait augmenter de 14,5 % grâce aux innovations liées à l’intelligence artificielle.⁵ 

En s’imposant, l’intelligence artificielle crée des possibilités d’emploi et favorise la prospérité des régions où ces emplois se trouvent. Des études récentes réalisées à l’Université de Stanford montrent que la demande de travailleurs, dans le domaine de l’intelligence artificielle, favorise la croissance économique, ce qui profite à toute la société. Selon deux professeurs associés à l’Institute for Human-Centered Artificial Intelligence, les villes américaines possédant le plus grand nombre d’offres d’emploi dans le domaine de l’intelligence artificielle connaissent la plus forte croissance économique. Cette situation entraîne en retour une amélioration de l’état général des villes en question sur le plan physique, social et financier.⁶

Nous pouvons, grâce à une solide base de la recherche liée à l’intelligence artificielle, améliorer la situation de la province en adoptant ces nouvelles technologies. Nous avons déjà été témoins des résultats qui sont possibles lorsque des entreprises locales tirent parti de l’intelligence artificielle.

L’entreprise Introhive, qui a bénéficié d’un financement en 2012, est un excellent exemple. En effet, son logiciel d’automatisation de la relation client reposant sur l’IA lui a permis de faire son entrée dans un marché mondial qui devrait valoir 96,5 milliards de dollars d’ici 2028. Au cours des dix dernières années, Introhive est devenue une entreprise internationale qui a créé plus de 300 emplois, dont la plupart se trouvent à Fredericton et à Saint John. Elle a obtenu, l’année dernière, 122 M$ auprès d’une société américaine de capital-risque et devrait avoir d’ici l’année prochaine quelque 400 employés.

⁴ Bughin, J., et al., Notes from the AI Frontier: Modeling the Impact of AI on the World Economy, McKinsey & Company, 2018. https://www.mckinsey.com/

⁵ PwC, Sizing the Prize: What’s the Real Value of AI for Your Business and How Can You Capitalise? 2017. PwC. https://www.pwc.com/gx/en/issues/data-and-analytics/publications/artificial-intelligence-study.html

⁶ Burcin, I., The Link Between Artificial Intelligence Jobs and Well-Being, 2020. Stanford University Human-Centered Artificial Intelligence. https://hai.stanford.edu/news/link-between-artificial-intelligence-jobs-and-well-being

LES POSSIBILITÉS POUR LE NOUVEAU-BRUNSWICK

La FINB a financé 32 projets liés à l’IA depuis 2015, et ce dans divers secteurs, comme l’aérospatiale, les soins de santé, l’agriculture et les pêches. La moitié de ce financement a été dirigé vers des entreprises n’appartenant pas au secteur des TIC.

Les établissements d’enseignement postsecondaire de la province sont en train de constituer une base provinciale en matière d’IA, et les chercheurs développent des liens avec des partenaires de l’industrie dans divers domaines, ce qui est une bonne nouvelle. Le Nouveau-Brunswick accuse cependant un retard par rapport aux autres provinces à la fois en matière de recherche et d’adoption de l’IA par l’industrie, ce qui est particulièrement préoccupant puisque nous dépendons fortement du secteur manufacturier. En 2018, ce secteur représentait 11 % du PIB du Nouveau-Brunswick, soit presque autant qu’en Ontario.⁷ Si nous suivions la tendance mondiale, nous assisterions à une véritable vague d’innovation en IA dans les usines de la province. Ailleurs, les entreprises manufacturières vont de l’avant en adoptant l’Internet des objets pour automatiser la production, effectuer des contrôles de qualité, détecter des problèmes, prévoir les besoins en matière d’entretien et contrôler la chaîne d’approvisionnement.

Alors que le reste du monde intègre l’intelligence artificielle aux activités manufacturières, les entreprises du Nouveau-Brunswick ont pour l’instant résisté en grande partie à l’appel au changement. Selon un rapport publié en 2021 pour l’Atlantic Institute for Policy Research de l’UNB, lorsqu’ils disposent d’une main-d’œuvre à bon marché, les employeurs n’ont pas vraiment de raisons de se tourner vers des investissements à haute intensité de capital pour améliorer leur productivité.⁸ 

Ce manque de vision est très risqué : le Nouveau-Brunswick possède actuellement l’un des taux de productivité les plus faibles au Canada, et depuis 2004, la productivité du secteur manufacturier de la province équivaut seulement à 75 % de la moyenne nationale.⁹

Le Fonds pour l’intelligence artificielle vise donc à inverser ce déclin ainsi qu’à préparer le Nouveau-Brunswick à la transformation qui est déjà bien amorcée dans d’autres régions du monde en matière d’IA.

⁷ En 2018, le secteur manufacturier représentait 12 % du PIB de l’Ontario. Emery, J.C., et Guo, X., A sector at crossroads: An overview of manufacturing and opportunities for growth in New Brunswick. JDI Roundtable on Manufacturing Competitiveness in New Brunswick Forum, 2018. https://www.unb.ca/roundtable/_assets/documents/unb-jdi-round-table-wp-overview-final.pdf

⁸ Sharpe, A., The Productivity Performance of New Brunswick Manufacturing: A Detailed Analysis, 1997-2019, 2021. Rapport de recherche du CSLS, 2021-03, Fredericton, Atlantic Institute for Policy Research, UNB. http://www.csls.ca/reports/csls2021-03.pdf

 ⁹ Ibid, p.12.

UN CADRE STRATÉGIQUE POUR LA CROISSANCE À TOUS LES NIVEAUX

La FINB a créé un cadre de financement stratégique afin de promouvoir l’innovation en IA dans les établissements de recherche de la province ainsi que favoriser l’adoption de l’IA par des entreprises très diverses du Nouveau-Brunswick.

Pour réussir, il faut de la diversité. Le but est de favoriser la collaboration entre le monde de la recherche et l’industrie dans divers secteurs et à divers stades de maturité de l’IA. Parallèlement, nous souhaitons commencer à constituer un vivier de talents hautement qualifiés, sans lequel aucune innovation réelle n’est possible.

Forts de notre expérience en lien avec l’encouragement de la recherche appliquée dans d’autres domaines, nous avons créé un programme à plusieurs volets :

NIVEAU DE MATURITÉ DE L’IA
UTILISATION DES FONDS
Renforcement des capacités de recherche en IAFormer le personnel, embaucher des étudiants, installer des systèmes complexes nécessaires à la recherche sur l’IA
Exploration de solutions reposant sur l’IA pour apporter des solutions à des problèmes particuliersCollaborer avec un chercheur pour définir le problème et déterminer de possibles solutions
Prêt à créer une solutionS’associer à un chercheur pour élaborer une preuve de concept ou un projet pilote
Utilise déjà l’IA et entièrement prêt à mettre en œuvre une solution permanenteCollaborer avec un chercheur pour faire d’une preuve de concept une solution fonctionnelle et durable.

La conception de ce programme est unique au Canada, car le Nouveau-Brunswick possède un potentiel unique et des défis particuliers. Notre objectif est donc de fournir un soutien global aux entreprises de tout type et de toute taille, et ce dans tous les secteurs de l’économie de la province.  

Nous offrirons également un soutien non financier en parallèle à la gestion du Fonds pour l’intelligence artificielle. Les chercheurs ainsi que les partenaires de l’industrie peuvent comme toujours faire appel à nous pour entrer en relation avec des conseillers en affaires, d’autres organismes de financement et des mentors.  

Nous sommes impatients d’apporter notre soutien à un portefeuille de projets qui repousseront les limites en matière d’IA et d’innovation dans la province.

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