- 13 juin, 2019
- Recherche appliquée
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Le cannabis et la deuxième révolution verte avec le Dr David Joly
Aujourd’hui, alors que le cannabis se dépouille de ses racines de contre-culture et qu’il gagne progressivement les faveurs du grand public, les entreprises et les chercheurs du Nouveau-Brunswick sont aux premières lignes. À l’Université de Moncton, le Dr David Joly et son équipe d’étudiants diplômés ont entrepris des travaux de recherche qui pourraient contribuer à produire du cannabis ayant une teneur plus forte en composés utiles.
Deux des composés les mieux connus de la plante sont le THC (responsable de l’effet planant) et le CBD (qui n’entraîne aucun effet planant). Alors, que voudrait dire du cannabis encore plus puissant pour les consommateurs? Pour commencer, cela signifie que les consommateurs payeraient moins cher, parce que du cannabis plus puissant entraînerait une diminution de coûts pour les producteurs licenciés et les économies se refléteraient dans le prix de détail.
Le THC et le CBD (entre autres composés) sont connus sous le nom de cannabinoïdes et, avec les terpènes – les molécules responsables de l’odeur de moufette caractéristique de la plante – ces composés sont étudiés dans le monde entier afin de déterminer leurs bienfaits potentiels pour la santé.
« Ce que les gens peuvent ignorer au sujet de ces molécules, c’est qu’elles sont des ‘molécules de défense’ produites par le cannabis pour se protéger des maladies et des parasites, » explique le Dr Joly. La plupart de ses projets sont axés sur les interactions entre les plantes et les microbes. En étudiant les mécanismes d’infection des plantes, il apprend comment les plantes arrivent à se défendre. « En ayant une meilleure compréhension du mode d’interaction entre le cannabis et les agents pathogènes [comme les maladies et les parasites], nous en apprendrons plus sur les mécanismes de production de ces molécules, sur leur diversité, et sur la manière de faire en sorte que la plante en produise davantage! »
Bien que le THC et le CBD soient actuellement reconnus comme les composés « vedettes », les recherches démontrent que les autres composés de la plante pourraient avoir d’autres applications médicales. Des recherches complémentaires sont nécessaires, mais le Dr Joly croit qu’il existe un potentiel pour produire des plantes personnalisées qui pourraient répondre à des besoins médicaux spécifiques – une sorte d’équivalence-cannabis à une commande de café latte ultra-spécifique.
Nous avons apporté notre soutien au Dr Joly depuis qu’il a commencé ses recherches universitaires en 2013. Au fil des ans, il a obtenu plusieurs rondes de financement par le truchement de l’Initiative d’assistanats de recherche de la FINB, qui lui ont permis de verser un salaire aux étudiants impliqués dans ses projets. L’année dernière, nous avons contribué à financer l’achat d’un microscope confocal de dernière génération. Nous l’avons également aidé à obtenir des chambres de culture supplémentaires afin qu’il puisse cultiver des plants de chanvre.
Le Dr Joly a d’abord entamé son travail de recherche sur le cannabis en 2015 grâce à un projet avec Organigram, financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), et plus tard par la FINB. À l’automne 2018, il a obtenu une bourse d’envergure de plusieurs bailleurs de fonds, dont la FINB, Organigram et d’autres sources, afin de poursuivre ses recherches sur le cannabis.
Une grande partie de la recherche sur le cannabis ne date que des dernières années. Pour la majorité du siècle dernier, le cannabis était exclu des recherches scientifiques car il était reconnu comme une drogue illicite. Conséquemment, le cannabis n’a pas pu profiter des programmes de recherche et d’amélioration génétique qui ont contribué à l’essor des grandes cultures comme le blé, le riz et le maïs. La recherche effectuée pour ces types de cultures traditionnels a considérablement aidé à accroître la production, dans ce qu’il fut convenu d’appeler la « Révolution verte. »
« Les biotechnologies et la génomique sont souvent qualifiées de vecteurs de la deuxième Révolution verte, » poursuit le Dr Joly. « En effet, elles peuvent grandement accélérer le développement de nouvelles variétés, ce qui pourrait permettre aux usagers du cannabis de combler le vide laissé par des décennies de prohibition. »
Bien que le cannabis soit reconnu pour ses effets psychoactifs, le Dr Joly fait remarquer que la plante possède de nombreux autres composés bénéfiques. Entre temps, la variété de chanvre de la plante produit de savoureuses graines et des fibres qui servent dans les industries du vêtement, du papier, des composites, et plus encore more.
« Le Nouveau-Brunswick travaille très fort afin d’être reconnu comme leader dans l’industrie du cannabis. Et la recherche jouera un rôle majeur car elle peut contribuer à optimiser la culture du cannabis (et à la fois réduire les coûts), à réduire l’utilisation des pesticides ou à développer de nouveaux médicaments, » conclut le Dr Joly. « Nous devons désormais développer un solide programme de production pouvant répondre aux besoins immédiats et futurs de l’industrie, et nous devons nous assurer que cela se passe ici-même! »
En dehors du travail, le Dr Joly coanime une émission de radio à l’université. Il aime également les voyages, la randonnée et le vélo en famille.
« Et je crois bien que serait un cliché d’avouer que j’aime le jardinage. »