- 22 mai, 2019
- Recherche appliquée
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À propos des tiques et du dépistage de la maladie de Lyme, avec Dre Vett Lloyd
L’un des éléments centraux de notre mission consiste à soutenir des recherches novatrices entreprises par des chercheurs du Nouveau-Brunswick. Ces projets de recherche nous montrent le potentiel de technologies nouvelles et passionnantes; nous permettent d’imaginer de nouvelles façons d’utiliser des procédures et matériels existants; inspirent de nouveaux produits commerciaux rendant notre vie plus facile et plus épanouissante; et nous enseignent des choses incroyables sur le monde dans lequel nous vivons.
Au cours des prochains mois, nous consacrerons une série de publications aux chercheurs que nous pensons que tout le monde de cette province devrait connaître. Le Nouveau-Brunswick est devenu un haut lieu de la recherche — il est maintenant temps de parler de certaines de ces réalisations.
Lorsqu’ils décident de se spécialiser dans un domaine particulier, la plupart des chercheurs disent avoir été inspirés par un cours universitaire fascinant, par un professeur inspirant ou par un test de laboratoire prometteur. La Dre Vett Lloyd a une raison un peu plus particulière de consacrer une grande partie de sa carrière à l’étude de la maladie de Lyme : en fait, elle en a été diagnostiquée.
Généticienne de formation, titulaire d’un diplôme équivalent à la maîtrise en sciences de l’Université de Genève et d’un doctorat de l’Université de la Colombie-Britannique, la Dre Lloyd était dans son jardin un jour où elle a été piquée par une tique. La maladie de Lyme est transmise par certaines espèces de tiques porteuses d’une classe de bactéries appelée Borrelia.
« J’ai fait exactement ce qu’on est censé faire [après une piqûre de tique], mais j’ai quand même eu des symptômes assez graves et contracté la maladie de Lyme », se souvient la Dre Lloyd. « Voilà ce qui a vraiment soulevé mon intérêt — une bonne compréhension biologique permet aux gens d’être mieux informés. J’ai donc pensé réaliser un court projet en ce sens au cours de l’été, et que ce serait fait ».
Inutile de dire que le projet a fini par durer bien au-delà de l’été. Après une décennie consacrée à étudier les tiques, la maladie de Lyme et d’autres maladies transmises par les tiques, le projet de Dre Lloyd a fini par avoir un impact considérable sur ses recherches et son poste de professeur à l’Université Mt Allison. En examinant ces maladies d’un point de vue biologique, Dre Lloyd a réalisé à quel point elles peuvent nuire à la vitalité et la santé de la faune, des animaux domestiques et des humains. Elle explique que l’un des principaux axes de ses recherches est l’amélioration de l’efficacité des tests sanguins de diagnostic des maladies transmises par les tiques.
« Ces maladies, et en particulier la maladie de Lyme, sont difficiles à diagnostiquer par les médecins, car les tests existants reposent sur le fait que le corps produit des anticorps contre la maladie. Mais si une personne est très malade ou prend des médicaments, elle risque de ne pas produire suffisamment d’anticorps pour être détectée par les tests sanguins habituels », explique-t-elle.
Cela rend ces maladies beaucoup plus difficiles à traiter pour les professionnels de la santé. Dre Lloyd ajoute que « non seulement la bactérie est complexe et habile pour se cacher dans des endroits du corps où elle est protégée du système immunitaire, elle peut même supprimer le système immunitaire et tolérer certains antibiotiques. Et si cela ne suffit pas, les protéines de la bactérie imitent certaines protéines humaines présentes naturellement dans le corps. Ce comportement est appelé mimétisme moléculaire, et il peut effectivement déclencher des maladies auto-immunes ».
Il va sans dire que la maladie de Lyme peut être très accaparante, ce qui explique en partie pourquoi la Dre Lloyd pense que le niveau actuel de sensibilisation publique aux maladies transmises par les tiques est inacceptable. Les tiques deviennent de plus en plus courantes au Canada en raison des changements climatiques. Les cas de maladie de Lyme ont grimpé en flèche, passant de 144 cas confirmés en 2009, à 992 en 2016. La maladie continue de gagner du terrain, car les tiques Borrelia se propagent vers le nord, jusqu’au Nouveau-Brunswick et à l’ouest dans les provinces des Prairies comme la Saskatchewan. C’est là une mauvaise nouvelle pour docteure Lloyd. Elle travaille donc en collaboration avec d’autres chercheurs afin de changer les choses et améliorer les outils disponibles aux gens et aux médecins confrontés à ces maladies.
« À l’Université Mt Allison, nous avons mis sur pied un réseau de recherche sur la maladie de Lyme, composé d’une équipe multidisciplinaire de professeurs. Nous avons des personnes ayant un large éventail de compétences, y compris un géographe pour la modélisation des écosystèmes, un psychologue qui étudie les conséquences sociales de la maladie, un politologue qui réfléchit aux obstacles politiques à l’accès aux soins de santé, des chimistes à la recherche de nouveaux antimicrobiens et bien d’autres personnes ayant une expertise précieuse », affirme la Dre Lloyd. « Mais, plus important encore, nous entretenons de bonnes relations avec la communauté des personnes atteintes, ce qui nous permet de travailler en partenariat avec les patients pour améliorer les choses. C’est vraiment utile d’avoir ces collaborations entre nous tous, afin de pouvoir partager des ressources, des idées et des connaissances, et transmettre immédiatement les nouvelles informations à la communauté des patients. »
Ce réseau de recherche, ainsi que la participation à des réseaux nationaux et internationaux de recherche, a permis à Dre Lloyd de dépasser les limites typiques de la recherche biologique. Des programmes, comme son initiative de dépistage des tiques qui invitent des Canadiens de tout le pays à envoyer des tiques au laboratoire du Dre Lloyd afin qu’ils soient identifiés et testés pour les souches de la maladie de Lyme, contribuent à réduire l’écart entre les scientifiques et le grand public.
« La science évolue rapidement — nous savons de nouvelles choses aujourd’hui que nous ne connaissions pas il y a dix ans », affirme Dre Lloyd. « Voilà pourquoi il est si important de faire participer les groupes communautaires, les groupes intéressés à la nature, les gens qui travaillent à l’extérieur, les leaders municipaux et tout le monde. Les gens ont besoin de connaître ces informations.
Ses expériences, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du laboratoire, ont souvent amené la Dre Lloyd à entrer en contact avec la FINB, et elle reconnaît l’importance d’avoir un organisme comme le nôtre au Nouveau-Brunswick.
« Un grand nombre de vos programmes ont été extrêmement utiles, notamment les fonds pour les Projets émergents », ajoute-t-elle. « La plupart des universitaires ne semblent avoir qu’une vague notion de la commercialization. Voici ma nouvelle découverte ou mon nouveau test – mais comment en faire un produit? Quelqu’un doit faire le saut et oser les risques, et très souvent, c’est la FINB qui est là pour soutenir le cheminement vers des utilisations potentielles. »
Une chose est certaine : passer ses journées à étudier la maladie de Lyme ne semble pas avoir diminué l’enthousiasme de Dre Lloyd pour la nature. Elle est une randonneuse passionnée, un ornithologue amateur et aime jardiner, et elle avoue qu’on pourrait souvent la voir se rouler par terre pour regarder de près des champignons et insectes intéressants ».
Nous sommes fiers d’accompagner la docteure Lloyd et nous avons bien hâte de connaître la suite de sa croisade qui vise à aider à protéger les Néo-Brunswickois et les gens partout dans le monde contre les tiques et les maladies qu’ils transmettent.