- 25 octobre, 2019
- Recherche appliquée
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10 astuces pour intéresser les partenaires industriels à votre recherche
Dre Laura Richard, D. Phil (Oxon)
Avant de me joindre à la FINB, j’ai passé presque 10 ans à travailler en tant que chercheure en recherche industrielle derrière des portes closes dans le secteur privé. Je dois avouer qu’il y a de nombreux parallèles à faire entre la recherche industrielle et celle qui s’effectue en milieu universitaire : les chercheurs suivent tous une méthode scientifique et sont animés par des questions comme « Pourquoi? » et « Comment? ». Toutefois, il existe de nombreuses différences dans nos méthodes de travail, et cela peut provoquer des frictions dans une collaboration industrielle-universitaire. Dans le cadre de mes activités de recherche au sein d’une entreprise dérivée et d’une multinationale, j’ai souvent fait ce constat dans mon travail auprès des professeurs universitaires et des scientifiques des instituts de recherche.
J’aimerais aujourd’hui partager avec vous certaines astuces que j’aurais aimé, en tant que scientifique industrielle, pouvoir transmettre aux universitaires avec lesquels j’ai travaillé, du point de vue du domaine des sciences physiques :
- Peu importe à quel point le problème est intéressant
Bien que « ouais, ça semble intéressant » peut être l’amorce d’un secteur d’intérêt fructueux, ça ne suffira pas à susciter l’intérêt d’un scientifique industriel. Pour éveiller son intérêt, vous devrez tenir compte du contexte (les activités de l’entreprise, la concurrence, les préoccupations d’ordre pratique) et surtout…
- Cette recherche permettra-t-elle à l’entreprise de s’enrichir?
Si vous n’effectuez pas cette recherche simplement au nom de l’intérêt général, c’est que vous la faite clairement pour l’argent qu’elle peut générer. Une entreprise vous offrira, à vous l’universitaire, de l’argent, et en retour elle s’attendra à ce que fassiez vos recherches qui l’aideront à en faire à son tour. C’est une simple question d’analyse coûts-avantages – que vous devrez évaluer –en tenant compte de cette considération en priorité. Si l’analyse n’apparaît pas favorable, tenez compte des autres avantages potentiels : Caractère unique? Évitement de coûts? Réduction des risques liés à une nouvelle technologie/innovation potentielle en la testant à moindre coût dans une université d’abord?
- Pas de problème si le champ de la recherche est fondamental
Vous n’avez pas besoin d’être un scientifique en recherche appliquée pure laine : en fait, j’ai déjà accès à ce genre de chercheurs. Ce que je recherche, c’est de la connaissance fondamentale approfondie (p. ex., analyse mécaniste, expertise mathématique, théories sur les sciences sous-jacentes) pour aider à comprendre le problème et trouver une solution. Soyez prêt à faire l’étalage de vos connaissances dans le but d’appliquer cette expertise dans une étude de cas concret.
- La facilitation des contacts garantit la crédibilité
La première étape consiste à avoir une carte d’affaires : Je sais que cela peut paraître dépassé, mais la présentation d’une carte d’affaires reste encore le moyen le plus fiable et fréquent d’établir un contact avec l’industrie. Demandez ou trouvez le moyen de faire une visite de l’entreprise, comme par exemple pour offrir de donner un séminaire. Bien que cela exige temps et argent de votre part, cela démontre l’importance du problème pour vous et aidera à convaincre la direction de votre engagement et de votre compétence. En second lieu, …
- Le problème doit être réglé au plus vite, et hier plutôt que demain
Dans le monde industriel, les échéanciers sont cruciaux. Si nous ne réussissons pas à résoudre ce problème en premier, la concurrence le fera à notre place, et cela entraînera une perte financière… et ainsi annuler les avantages d’investir dans cette recherche. Par exemple, si on vous dit en février que vous devrez attendre jusqu’en septembre pour avoir un nouvel étudiant pour commencer à travailler sur ce projet, cette situation est probablement inacceptable.
- L’entreprise n’a pas à savoir que c’est un étudiant qui fera le gros du travail
C’est une réalité d’admettre que ce sont les étudiants qui font le gros du travail de recherche dans le monde universitaire, mais il est préférable de ne pas trop en faire état car cela pourrait entraîner toutes sortes de préoccupations en matière de vie privée pour l’équipe de gestion de l’entreprise. À moins qu’il ne soit nécessaire de dévoiler qui sera impliqué dans le projet, laissez-les croire que c’est vous, vos scientifiques de recherche et vos postdoctorants qui ferez tout le travail.
- Démontrez votre capacité à réaliser le travail
Faites-moi, sans frais, une petite démonstration du concept ou une autre présentation de votre capacité à étudier le problème, car ce sera beaucoup plus facile de convaincre la personne qui prend la décision de vous écrire un chèque. Cette méthode de persuasion s’est avérée à maintes reprises auprès de la direction des entreprises pour les inciter à s’engager dans de lucratifs contrats de recherche avec le monde universitaire. La visualisation des résultats potentiels est une arme puissante.
- L’entreprise sera probablement d’accord à ce que vous publiez une partie des résultats de recherche
Contrairement à une idée préconçue, il est fort probable que certains des éléments de la recherche ne soient pas ultra confidentiels. Bien sûr qu’il y a de l’information commerciale confidentielle qui ne peut être divulguée car elle est la clé de la rentabilité pour l’entreprise. Toutefois, il est fort possible que vous pourrez publier certains passages : p. ex., les résultats sur une matrice factice ou le travail de développement des méthodes. Si l’entreprise insiste pour garder secret l’ensemble des résultats, elle sera sûrement d’accord pour débourser une bonne somme d’argent pour un contrat de recherche, qui pourra servir à payer pour toutes sortes de choses que le financement public ne couvre pas.
- Respect des compétences techniques et de l’expertise du chercheur industriel
La majorité des scientifiques en recherche industrielle sont des personnes hautement qualifiées qui ont choisi de quitter le monde universitaire pour diverses raisons (sécurité d’emploi, argent, intérêt pour les travaux de nature appliquée, rythme de travail, etc.), mais rarement parce qu’ils ne pouvaient s’épanouir dans un milieu de travail universitaire. Cela dit, cette opinion est parfois partagée par certains traditionalistes. De même, certains scientifiques de l’industrie ont un profond dédain pour les professeurs qui enseignent du haut de leur tour d’ivoire. Adopter une attitude de respect mutuel aide énormément à établir des rapports.
- Assurez-vous d’offrir à l’entreprise de nombreuses occasions d’entendre parler de votre recherche
Finalement, aucune collaboration n’est possible si l’entreprise ignore votre existence. Il vous appartient de connaître les habitudes des scientifiques de l’industrie : ils ne lisent qu’un nombre restreint de publications universitaires, mais participent probablement à des congrès ou à des colloques en lien avec leur domaine, de même qu’à des activités organisées par leurs associations industrielles. Donc, si vous souhaitez entrer en contact avec des scientifiques de l’industrie qui travaillent sur des structures de catalyseurs chez BASF, par exemple, tentez d’obtenir un temps d’allocution/d’affiches lors d’événements comme le « Colloque international sur la catalyse » plutôt qu’à une réunion de « l’American Crystallographic Association ». Vous pouvez vous fier à des événements comme l’ICC pour trouver des collaborateurs universitaires. Souvenez-vous qu’il arrive souvent que les scientifiques de l’industrie ne soient pas autorisés à faire de présentation lors de colloques, donc il convient de consulter la liste des participants et le nom des entreprises qui les embauche et de décider à l’avance comment vous allez les intéresser à votre recherche et de quelle manière vous aller la présenter.
Enfin, notre équipe de la FINB possède de nombreuses années d’expérience combinée dans le rapprochement des mondes industriel et universitaire. Faites appel à nous si vous désirez en savoir davantage et commencer quelque chose de passionnant.