La recherche du Dr Matt Livaks de l’université Mount Allison sur les fossiles vivants

La recherche du Dr Matt Livaks de l’université Mount Allison sur les fossiles vivants

Sauriez-vous distinguer un esturgeon mâle d’une femelle?

Si la réponse est «non», vous n’êtes pas seul. Identifier le genre de ce poisson est extrêmement difficile même pour les experts. Voilà qui rend difficile d’évaluer la santé de l’espèce puisque les chercheurs ne connaissent pas la proportion de mâles par rapport aux femelles, ce qui en influence évidemment la population. Cela pose également un important problème pour les gens qui tentent d’aménager des exploitations d’aquaculture d’esturgeons.

La plupart des chercheurs ont besoin d’une biopsie de l’esturgeon pour en confirmer le sexe. Il s’agit là d’un processus long et intrusif. Cependant, le Dr Matt Litvak, professeur de biologie et chercheur de l’université Mount Allison de Sackville, au Nouveau-Brunswick, met présentement au point une meilleure solution permettant d’identifier le sexe de l’esturgeon.

Son équipe a élaboré une méthodologie d’analyse innovante pour identifier le sexe de ce poisson en détectant les différences de morphologie entre les sexes. Cela s’inscrit parmi les efforts de recherche plus larges sur l’esturgeon.

Il existe 27 espèces d’esturgeons dans le monde, dont l’esturgeon à museau court du Nouveau-Brunswick dans le fleuve Saint Jean et ses affluents. L’espèce a une cote de conservation «préoccupante» qui signifie qu’il y a des inquiétudes à l’égard de son extinction. 

Un soupçon d’admiration se glisse dans la voix du Dr Litvak quand il parle de l'esturgeon. «Ils sont magnifiques», dit-il, en faisant remarquer qu’ils datent de plus de 200 millions d’années. Les gens parlent souvent de l’esturgeon comme de «fossile vivant», car il a seulement légèrement évolué, alors que d’autres espèces sont apparues pour ensuite disparaître de la surface de la Terre.

Pour remettre cela en contexte, les esturgeons ont vécu à l’ère du Crétacé, aux côtés des dinosaures Tyrannosaure rex, VelociRaptor et Triceratops. Aujourd’hui ces espèces n’existent que dans notre imaginaire, grâce aux films Parc jurassique, alors que les esturgeons nagent toujours dans nos fleuves.

«Ceux-là n’ont pas été déplacés,» explique Dr Litvak.

Les recherches menées par le laboratoire du Dr Litvak comportent plusieurs applications pratiques, notamment sur la pêche sportive récréative, les projets d’aquaculture d’esturgeons et de caviar provenant de leurs œufs, et peut-être plus important encore, la protection de leur habitat pour veiller à ce que ce poisson continue de vivre parmi nous pendant de nombreuses années à venir.

Il s’agit du genre de recherche combinant la recherche universitaire et les applications concrètes qui est la plus bénéfique pour appuyer l’innovation au sein de la province, selon la Fondation de l’innovation du Nouveau-Brunswick.

«La FINB a été très utile aux projets de recherche que j’ai menés au fil des ans», a déclaré le Dr Litvak, faisant remarquer que le financement de la FINB a permis d’obtenir des fonds supplémentaires de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI) pour la construction et l’exploitation de son laboratoire mobile.

«Notre laboratoire mobile est une remorque de 20 pieds aménagée avec nos équipements. Il nous permet de faire les tests d’imagerie sur les esturgeons ainsi que les prélèvements sanguins.» 

Les recherches du Dr Litvak sont importantes pour préserver l’intégrité de l’espèce, permettant de maintenir les stocks d’esturgeons tout en favorisant le développement d’une industrie de l’aquaculture des esturgeons durable.

 

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