Dre Jesse Popp sur la réunion des savoirs occidentaux et autochtones en écologie

L’un des éléments centraux de la mission de la FINB consiste à soutenir des recherches novatrices entreprises par des chercheurs du Nouveau-Brunswick. Ces projets de recherche nous montrent le potentiel de technologies nouvelles et passionnantes; nous permettent d’imaginer de nouvelles utilisations des procédures et matériels existants; inspirent de nouveaux produits commerciaux rendant notre vie plus facile et plus épanouissante; et nous enseignent des choses incroyables sur le monde dans lequel nous vivons. 

Au cours des prochains mois, nous consacrerons une série de publications aux chercheurs que nous pensons que tout le monde de cette province devrait connaître.

« Prendre le temps de se retrouver dans la nature nous rappelle que nous en faisons partie, que nous sommes connectés et que nous devons prendre soin de la terre comme elle prend soin de nous ».

Voilà ce que dit Dre Jesse Popp lorsqu’elle parle de sortir de sa salle de classe à l’Université Mount Allison pour se rendre dans les forêts et les marais entourant la ville de Sackville, au Nouveau-Brunswick. Vous aurez peut-être remarqué qu’elle utilise une façon de parler légèrement différente de celle que nous avons l’habitude d’entendre de la part de chercheurs scientifiques très occupés. C’est probablement parce que Dre Popp est une écologiste de la faune sauvage, une discipline scientifique exigeant l’observation attentive des habitats et des biomes qui nous entourent, afin de tirer des conclusions sur les changements se produisant dans notre environnement – et pourquoi ils se produisent.

Les recherches de Dre Popp portent sur l’utilisation de notions communes aux savoirs autochtones et à la science occidentale dans le but d’étudier les impacts des perturbations naturelles et anthropiques sur la faune, en particulier en ce qui concerne les espèces culturelles clés. Ce type de recherche est particulièrement crucial à entreprendre dans le contexte des changements climatiques. En tant que membre de la Première nation Wiikwemkoong du nord de l’Ontario elle-même, Dre Popp a un intérêt marqué et une connaissance fine des méthodes culturellement inclusives pour comprendre les changements récents survenus dans le monde qui nous entoure.

« Les points de vue, les façons de comprendre et les connaissances autochtones sont importants en science. Avoir de multiples approches, visions du monde, disciplines et genres renforce la science », affirme Dre Popp. « Sur une planète subissant des changements environnementaux drastiques, avoir une science inclusive nous aidera sans doute à mieux comprendre le monde et à informer la préservation et la conservation ».

Malheureusement, nombre de ces changements environnementaux drastiques liés au changement climatique et à l’activité industrielle humaine ont entraîné un déclin massif de la population des espèces culturelles clés mentionnées précédemment, un problème qui affecte de manière disproportionnée les populations autochtones.

Pourquoi est-il crucial pour les chercheurs de comprendre ces déclins? Comme l’explique Dre Popp, les espèces culturelles clés « jouent un rôle important dans l’alimentation, les matériaux, les relations sociales, les traditions, les médicaments et la culture des peuples autochtones ». Bien que ses propres recherches portent actuellement sur la diminution du nombre d’orignaux au Canada, le déclin des espèces culturelles clés affecte les populations du monde entier. Qu’il s’agisse du thon pour le peuple maori d’Océanie ou du pin blanc pour les peuples algonquins de l’est des États-Unis, les causes et les conséquences sont souvent étrangement similaires.

« La recherche dans laquelle je suis impliquée vise à comprendre comment les communautés autochtones sont touchées par les fluctuations des populations d’espèces culturelles clés et, de plus, à comprendre les facteurs liés aux fluctuations de ces populations », poursuit Dre Popp. « Cette recherche porte sur un ensemble de choses : de l’identification des facteurs liés au déclin des populations d’orignaux, à l’étude des impacts des chemins de fer sur les espèces à risque, en passant par la compréhension des impacts potentiels des changements climatiques sur l’environnement et sur les modes de vie traditionnels. »

Les recherches de Dre Popp devraient aider à façonner l’avenir de domaines, tels que la gestion des forêts et la conservation de la faune, ainsi que les politiques provinciales et fédérales. Elle a déjà obtenu une subvention à la découverte du CRSNG de 120 000 $ sur cinq ans, et sa création d’une application mobile permettant de suivre les mouvements de la population d’orignaux pourrait annoncer des utilisations commercialisables de technologies similaires dans l’industrie de l’écologie dans un avenir rapproché. En ce 21e siècle, alors que les changements climatiques deviennent une préoccupation de plus en plus importante pour un nombre croissant de Canadiens et pour la classe politique du pays, ces technologies sont en mesure de capturer une part énorme d’un marché émergent.

Bien que ses travaux de recherche aient souvent été reconnus dans des publications scientifiques et continuent de susciter un large intérêt dans les médias et chez divers partenaires financiers, l’impact de la Dre Popp, en tant que mentor et professeure, pourrait être encore plus grand que celui de ses travaux en laboratoire et sur le terrain. 

Grâce aux cours qu’elle donne à l’Université Mount Allison, comme « Peuples autochtones : écologie, science et technologie » et « Systèmes de savoirs autochtones », Dre Popp enseigne à ses étudiants en sciences de l’environnement qu’il est extrêmement utile d’adopter de perspectives variées sur les causes et les conséquences des crises environnementales.

En 2018, la FINB a été heureuse d’appuyer le passage de Dre Popp de l’Université Laurentienne à celle de Mount Allison avec une subvention de démarrage de 50 000 $ pour la mise sur pied de son laboratoire, et nous serons ravis de continuer à travailler avec elle au cours des prochaines années afin de soutenir ses travaux de recherche.

Il y a plus d’une façon d’apprendre et il y a plus d’une façon de comprendre les choses. Le Nouveau-Brunswick est chanceux d’avoir Dre Jesse Popp présente dans la province pour aider l’écologie à faire face aux défis des changements climatiques en adoptant le multiculturalisme et en s’ouvrant à des sources différentes de connaissances scientifiques. 

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